Blog des Objets brisés

Voilà un lieu où je souhaite évoquer la consommation d’objet dont la mort programmée à l’avance est un gaspillage sans nom pour la survie de notre humanité. Mes professeurs de philosophie m’ont appris les bonnes manières et il me faut commencer par dire d’où je parle et ce qui m’autorise à donner un avis éclairé sur ce sujet. J’ai longtemps hésité avant de me lancer, chacun devrait se donner le temps de la réflexion avant de proférer des bêtises. Malheureusement, quelques “décomplexés”, selon l’expression de certains politiques, s’autorisent  à dire n’importe quoi au nom de la liberté d’expression. Être libre de s’exprimer c’est en premier lieu mesurer ce que l’on dit. Ce principe ne changera jamais même si certains agités pensent qu’on peut faire autrement. Être décomplexé c’est souvent s’autoriser de manquer au respect de l’autre et de le bousculer par cette manière d’agir. C’est toujours amusant quand on possède le pouvoir de bousculer vertement ceux qui ne l’ont pas. Dans un blog c’est si facile, pire car à travers le média d’internet nous n’avons même pas la personne en face de nous. Fâcheuse situation qui ne peut même pas se régler à la papy par un sérieux bourre pif dans la tronche de l’agresseur. J’ai appelé ceci “blog” mais en fait c’est mon monologue intérieur.

On est donc condamné à bien se tenir quand on écrit.

Et donc ce sujet est là pour évoquer des choses qui ont à voir avec la technologie. Je sais combien le cours de technologie a lassé bon nombre d’élèves en collège et en particulier majoritairement les filles qu’on éduque dans la perspective de ne rien comprendre à tout ce qui est technique. Heureusement c’est faux ! Heureusement il y a des filles qui sont ingénieurs ! Malheureusement pas toutes !

Et pour rééquilibrer mon propos c’est bien pareil pour les mecs !

La technique n’est pas une affaire de sexe, c’est une affaire de pouvoir. Celui qui gagne est celui qui domine l’autre par son savoir.

J’ai donc eu l’idée de partir d’objets quotidiens cassés ; détruits prématurément, inutilisables définitivement ; de démontrer que nous sommes des victimes permanentes du pouvoir des technologues. Qu’est-ce qu’un technologue ? Le technologue se présente sous la forme d’une entreprise plutôt multi que nationale dont l’objectif est de réaliser des profits en vendant un grand nombre d’objets dont l’utilité est plus ou moins avérée pour les humains que nous sommes. Il y a une très grande distance entre nos besoins primaires fondamentaux et tous les besoins qu’on nous crée. On ne peut pas parler de ce sujet sans relire l’ouvrage fondateur de Jean Baudrillard : “Le système des objets”. Il y en a aussi d’autres sur la manipulation publicitaire comme “99 F” : une satire corrosive du monde de la pub à travers le roman de Frédéric Beigbeder. Le roman est une forme moins contestée que l’essai philosophique, il permet de faire passer quelques idées bien senties sur le monde dans lequel nous vivons.

Pour quoi dire ?

Nous choisissons mal nos objets chez le marchand par ignorance totale ce ce que devrait être un objet solide et durable. Ma formation passe à travers beaucoup de corps de métiers différents. Et des trucs mal foutus j’en ai vu des tonnes. Ma formation (de l’époque où on formait sérieusement des gens a un métier) a commencé par l’apprentissage de la mécanique d’usine. L’ajustage et la résistance des matériaux, la physique, un peu de math. Puis il m’est venu ce que j’appelle la transversalité, voir ce que ça peut donner en électricité, puis en électronique, puis en menuiserie, etc. J’ai donc découvert qu’en technologie beaucoup de connaissances techniques sont transposables d’un métier à l’autre. Alors ici, une seule question m’intéresse : faire le diagnostique d’un objet cassé. Une sorte d’enquête pour remonter à la source et déterminer ce qui a fauté dans la fabrication. Mon idée assumée est de démontrer que c’est toujours intentionnel.

Postulat : Si cet objet est cassé, c’est qu’il est mal conçu !

Là on touche aussi à l’escroquerie des fabricants. S’il est possible aujourd’hui de vendre un objet mal conçu ce n’est certainement pas à cause de l’ignorance des ingénieurs mais tout simplement à cause de l’ignorance des consommateurs.

En effet, la résistance des matériaux et les techniques d’assemblage sont les deux principaux leviers, bien connu d’un ingénieur, pour produire un objet bien conçu ou mal conçu. À l’époque de Gustave Eiffel, un ingénieur était quelqu’un qui jouait son honneur à construire des objets solides. Y a longtemps que l’industrie d’aujourd’hui n’embauche plus de tels ingénieurs. À part sans doute dans des secteurs comme l’aéronautique quand la sécurité des gens est un facteur incontournable. Pour le reste on verra qu’une simple multiprise peut s’avérer très dangereuse et avoir reçu malgré cela un label de conformité. D’ailleurs, la notion de sécurité est parfois une méthode, un prétexte pour condamner un objet à ne pouvoir être réparé. La perversité extrême du système des objets est aussi de faire en sorte qu’il soient irréparables.

On parlera aussi  de la réparation possible où non d’un objet.

Quel est le sens à tout ça ?

L’objet durable au sens strict, est un sujet d’écologie. Avec le bon sens de dire qu’il est incontournable de réduire au minimum nos consommations d’énergie et de matière première. Voir la consommation tout simplement ! Mais ce sera pour dans 50 ans contraint et forcé par une situation qui aura tournée en catastrophe parce que personne ne veux l’entendre. Avec la différence que quand on parle de développement durable chacun comprend ce qu’il veut alors que définir un objet durable tout le monde sait ce que ça veut dire. Dans le premier cas c’est de l’embrouille politique et dans le deuxième cas c’est du bon sens.

Si vous voulez consommer une paire de chaussure par jour, ce blog n’est pas fait pour vous.

Il vous faudra un bon psychanalyste pour pouvoir passer à une autre manière de vivre et de respecter votre environnement. Parce que notre planète n’est pas infinie, on en connait toutes ses dimensions, on sait combien il reste de fer, de pétrole, d’air, d’eau, etc. Toutes ces ressources sont finies. Un jour proche, si nous continuons comme ça, il ne restera plus rien. Mais je peux vous garantir que l’humanité aura disparu avant d’avoir pu épuiser la terre. Parce que le déséquilibre évolue comme un effet boule de neige, plus on avance dans cette voie plus il grandit jusqu’à provoquer une catastrophe. Malheureusement, c’est seulement quand il est trop tard qu’on s’aperçoit qu’il aurait fallut réagir. C’est le cas des zones inondables largement prévisibles et autres phénomènes du même genre. C’est à dire qu’on aura plus la possibilité de faire marche arrière. Ce n’est pas vous ou moi qui sommes directement en cause, mais seulement plusieurs milliards d’humains qui reproduisent les mêmes bêtises. Et ça finit toujours par faire de trop ! Alors changer le monde c’est en premier commencer par soi-même.

S’il vous reste un peu d’humanité pour votre planète, réfléchissez avant d’acheter. Arrêtez de consommer des choses inutiles. Demandez à votre gamin de cesser de bruler du pétrole inutilement pour parader avec sa pétrolette devant d’hypothétiques nénettes. Toutes ces choses futiles sont le cœur de notre problème. Allez à pied chercher votre pain. Ne faites rien qui puisse en rajouter et surtout réfléchissez, aiguisez votre sens de l’observation, vous verrez ça fait maigrir mieux qu’un régime idiot.

Ici commence la longue liste d’objets à rendre à nouveau durables, voir transmissibles !
Analysons deux objets quotidiens : Le couteau d’office et l’épluche légume.
 

L’art de maquiller les défauts d’un objet actuel passe malheureusement par le design, je préciserai plus loin mes convictions sur ce sujet. Ces deux objets ont été choisis pour le même défaut de fabrication et sont vendus en supermarché à des prix pas très élevé. Bien plus malgré tout que leur coût réel de fabrication. Aujourd’hui les marges commerciales sont d’au moins 300%. Durée de vie, 6 mois, testé par mes soins sans acharnement et plutôt déçu de m’être fait avoir par leur apparence.

Le couteau : On lui a donné l’apparence d’un couteau céramique avec un revêtement blanc assez résistant mais qui s’est rayé très vite. De quelle nature est ce revêtement blanc ? Ce qui est certain c’est qu’une partie des particules arrachées est passée dans notre alimentation. Le corps de ce couteau est en plastique. Maudit plastique ! Mais il est très résistant et bien conçu, une belle forme, une bonne prise en main. Pour une fois, le plastique n’est pas en cause. C’est le métal qui a lâché !
Pourquoi la lame en métal a-t-elle été moins solide que le manche en plastique ?
Habituellement c’est plutôt le plastique qui casse contre le métal. Ici, nous avons la démonstration qu’un fabricant peut mettre en œuvre et contrôler la durée de vie d’un produit en maquillant ses qualités de résistance par un design trompeur. Aujourd’hui, on a largement les moyens techniques de fabriquer un bel objet. Ce n’est pas parce qu’un objet est beau qu’il est solide. Ces beaux objets sont des sortes de miroirs aux alouettes, il vous font croire par leur apparence qu’ils sont solides mais le fabricant lui a besoin d’en vendre beaucoup. Ce n’est pas le coût de fabrication du produit qui l’intéresse, c’est d’en vendre beaucoup. Pour en vendre beaucoup, il doit s’arranger pour que l’objet ait une durée de vie limitée tout en donnant l’illusion de sa solidité. C’est vrai qu’avec un peu d’observation je n’aurais jamais acheté cet objet, j’aurai détecté son défaut. Mais là où le fabricant gagne c’est quand l’objet vous paraît solide même juste pendant une très courte durée, le temps que vous l’achetiez et commenciez à l’utiliser. On peut dire alors qu’on s’est fait avoir !
Où ai-je pêché ?
Manque d’observation ! Pressé, pas le temps de réfléchir. J’ai besoin de ça. Oh il est beau ce lavabo ! Bref un comportement de consommateur peut attentif. Et oui c’est la guerre et quand on est en guerre, il faut se méfier de tout ! Moins on a d’argent à dépenser plus il faut se rendre méfiant car la société de consommation n’a qu’un objectif unique, vous faire consommer n’importe quoi.

  1. Aspect intérieur de l’objet qu’on est en droit de s’imaginer. C’est la bonne manière de concevoir des outils, c’est à dire des formes de métal bien solides et bien ancrées dans leur manche.


2. Ici on peut voir la réalité masquée par le manche en plastique. De plus, après démontage je me suis rendu compte qu’en plus d’un apport de matière insuffisant, l’endroit du passage entre la lame et le manche avait été fragilisé par un coup de poinçon. L’endroit est indiqué en rouge sur l’image. Mécaniquement c’est l’endroit de ces deux objets qui travaille le plus, à l’articulation entre la lame et le manche. Tout le monde sait qu’à force de travailler un fil de fer dans tous les sens au même endroit il finit par se casser. La section de métal de ces deux objets est en réalité pas très éloignée de celle d’un fil de fer et c’est son apparence rectangulaire qui nous la fait croire plus solide qu’en réalité. Les deux objets ont cassé au même endroit. Bilan thérapeutique, ces deux objets sont irréparables en raison d’une insuffisance de matière.
Le bilan énergétique global ?
La production d’un objet a un coût de fabrication. Si la monnaie mondiale était la dépense d’énergie on y verrait plus clair pour apprécier le véritable prix d’un objet. Nous ne pouvons plus fermer les yeux. Un objet coûte de l’argent à la production mais aussi au recyclage. Produire c’est plus facile que recycler et pourtant le coût du recyclage devrait faire partie du prix de l’objet. Un coût pour la collecte, un coût pour l’analyse et la séparation des matières, un coût pour le recyclage approprié. Ce recyclage se traduit par une dépense non négligeable dans certains cas. Parfois on a de la chance avec un matériau comme le verre facile à recycler. Malgré tout ça coûte en énergie pour la refonte ou bien le nettoyage. Le bilan énergétique global d’une bouteille en verre est certainement le conteneur qui impacte le moins la planète. Ça c’est à condition que le recyclage soit vraiment organisé. Ors, il ne l’est pas vraiment. Nous en sommes qu’au début d’une prise de conscience. Le souci c’est que ceux qui prennent conscience du problème sont les pollués, pas les pollueurs. Les entreprises qui produisent n’importe quel objet devraient avoir dans leur processus la contrainte que l’objet fabriqué soit intégralement recyclable. On devrait même les contraindre à récupérer leur propre production pour la recycler. Qui est mieux placé que le fabricant pour recycler son propre produit ? Bien sur, y en a qui vont tirer la gueule parce qu’il faudra se pencher sur la question et changer quelques paramètres dans la production de l’objet pour rendre le recyclage possible et peu coûteux. Qui est mieux placé qu’une entreprise pour s’intéresser à la réduction des coûts ? La notion de multinationale me chauffe les oreilles depuis un moment parce c’est un modèle économique déresponsabilisé. Y a pas vraiment de patron mais des actionnaires. Y a pas de modèle social, que l’idée d’être rentable. Et surtout y a pas de responsabilité par rapport aux désordres sociaux et écologiques que l’activité engendre. C’est un modèle économique capitaliste fondé sur l’idée de croissance et de ressources infinies. Ce modèle est faux et entraine un péril pour la survie de tous. Aujourd’hui l’effet “vases communicants” de la masse monétaire est largement compris de tous. Continuer de s’enrichir dans un contexte de croissance proche de zéro ça revient forcément à devoir plumer quelqu’un. Ce quelqu’un c’est le consommateur qu’on gruge sur le prix et la qualité, l’employé qu’on met à la porte pour augmenter ses bénéfices. Le consommateur est doté d’une arme très puissante pour combattre : ne plus acheter. On commence à le comprendre dans certains pays et ça fait mal ! C’est la bombe atomique de la société de consommation, ne plus rien acheter et se débrouiller autrement. récupérer ce qui est jeté. réparer ce qui peut l’être.
Que fait-on d’un objet détruit ?
Quand sa mort est avérée et que l’acharnement thérapeutique n’offre aucune solution pour le ramener à la vie, en général on le jette. Personne ne sait vraiment ce qu’il devient mais dans un petit recoin de sa conscience on sait que c’est pas bon pour la nature. Néanmoins et c’est heureux, beaucoup d’objets sont recyclables, pas seulement en œuvres d’art mais aussi en objets utiles. Personnellement je ne jette rien. Ce n’est pas compulsif du tout ! Je ne jette rien, pas même un stylo bille, parce que je sais par expérience qu’un objet jeté peut contenir la pièce dont j’aurai besoin plus tard pour réparer un autre objet similaire ou pas. Mon expérience de bricoleur a besoin d’un magasin de pièces détachées pour mes futures réparations.
Papa, j’ai cassé un truc, peux-tu me le réparer ? Bien oui, je vais essayer.
L’art de réparer.
Comme dans un jeu nous pourrions jouer à qui répare quoi ? Bien souvent réparer consiste à faire ce qui a été omis à la fabrication. Remplacer par exemple un élément qui a lâché par un équivalent plus solide. Parfois il faut également rafraîchir l’objet, voir lui redonner une apparence plus actuelle. La peinture c’est bien, surtout l’acrylique en bombe qui donne d’excellents résultats pour donner du peps à un objets défraîchi. Le radio réveil qui a un peu vécu redevient attractif après un peu de bricolage. L’art de réparer implique la capacité de démonter proprement un objet sans casser les moyens de fixation ; en particulier sur des coques en plastique. Réparer, c’est savoir utiliser la bonne colle, savoir ressouder les plastiques, travailler le bois, les métaux, également faire preuve d’ingéniosité. En ce moment j’analyse pourquoi ma tondeuse à gazon me fait tant de soucis. Dans ce cas précis c’est carrément de transformer la partie qui ne va pas. C’est ce que j’appelle refaire une partie de l’objet. Dans le cas de la tondeuse c’est trouver un moyen pour que réservoir d’essence soit au-dessus du carburateur et non en dessous.
Dis papa c’est comment un objet durable ?
Je peux faire court en répondant que c’est un objet qui te survivra. Par rapport à l’exemple précédent, ces objets ont une lame et un manche qui se confondent ou bien sont fabriqués d’un seul bloc de métal. Question épaisseur de métal, vous ne les plierez pas ! Là encore la raréfaction des matières premières nous est présentée pour justifier l’avarice de métal. On consomme bien plus de métal à fabriquer un nombre incalculables d’objets destinés au gaspillage et dont la durée de vie ne va pas dépasser 6 mois…


Voici donc deux économes durables. Je préfère celui du dessous plus ancien et mieux conçu que le plus récent pour la simple raison que la partie tranchante est différente. Celui du haut fait des pluches plus épaisses car il a des ouvertures plus larges, donc il est plus difficile à utiliser et laisse plus de déchets. Avec ses objets toutes les parties sont recyclables, Acier inoxydable, bois, laiton pour la fourchette et rivets d’aluminium. Voir réparables si besoin. Moyenne d’age : trente ans. Je vous accorde que leur aspect est un peu défraichi mais ça peut facilement s’arranger avec du lustrage, polissage. Le souci c’est qu’aujourd’hui on a beaucoup de mal à trouver cette qualité de fabrication sans débourser des sommes extravagantes. Ce sont les objets ordinaires d’une autre époque et je me souviens qu’on les trouvait au marché chez un camelot. Avec notre système de supermarché c’est du tout plastique ! C’est évident que trente ans et plus comme durée de vie, c’est de l’anti jeu contre la consommation à outrance. La moindre fourchette achetée en super marché se tord dès que vous la plantez dans un steak. Choisir nos objets du quotidien devient une quête. La vaisselle de grand mère m’intéresse.